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Rencontre avec le doyen Daniel Proulx

La force des idées

Le doyen Daniel Proulx est fier de la situation de la Faculté de droit qui, depuis 2004, a augmenté ses effectifs étudiants, renouvelé son corps professoral, rehaussé ses programmes et redressé sa situation financière.
Le doyen Daniel Proulx est fier de la situation de la Faculté de droit qui, depuis 2004, a augmenté ses effectifs étudiants, renouvelé son corps professoral, rehaussé ses programmes et redressé sa situation financière.
Photo : Michel Caron

21 février 2008

La Faculté de droit s'est développée de façon fulgurante depuis trois ans et demi, augmentant ses effectifs étudiants de 41 %. La hausse est particulièrement marquée pour le 2e cycle, où le nombre d'inscriptions est passé de 116 à 204, une augmentation de 76 %! Ce succès, le doyen Daniel Proulx l'attribue à la diversification des programmes et à la force des idées : «Il n'y a pas de succès sans bouillonnement d'idées.»

Il faut dire que les idées ne manquent pas à la Faculté de droit, qui est même en train de révolutionner la formation des notaires au Québec. Depuis septembre 2005, les étudiantes et étudiants de 2e cycle en droit notarial au Campus de Longueuil suivent quotidiennement des cours l'après-midi et partent en stage l'avant-midi. Cette formule vise à favoriser une véritable intégration travail-études et à former des notaires plus compétents, plus fonctionnels et mieux adaptés aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, peut-on lire sur le site Internet de la Faculté. «La Chambre des notaires trouve ça tellement extraordinaire qu'elle veut étendre la formule à toutes les universités!» indique le doyen Daniel Proulx.

Du point de vue des autres programmes de 2cycle, il y a un engouement en ce moment pour celui en common law et droit transnational, offert sous forme d'université d'été. Les programmes en prévention et règlement des différends et en droit et politiques de la santé constituent aussi des axes majeurs de développement de la Faculté. «En droit, la tradition, c'est un baccalauréat. Les bureaux d'avocats ou de notaires n'en demandent pas plus», fait remarquer le doyen, qui insiste sur la valeur ajoutée d'une formation au 2e cycle.

Toutefois, la Faculté a également innové au 1er cycle en instaurant un programme coopératif au baccalauréat en droit. Encore là, il a fallu qu'elle bouscule quelques idées établies pour que le programme d'alternance études et travail se taille une place dans le monde traditionnel de la pratique du droit. «Ce n'était vraiment pas dans la mentalité, observe Daniel Proulx, mais là, ça commence à entrer dans les mœurs.» Le programme s'est attiré les faveurs des étudiantes et étudiants les plus brillants : pas moins de 400 demandes ont été reçues en droit coopératif pour seulement 35 places disponibles! Le doyen songe d'ailleurs à augmenter graduellement la capacité d'accueil de ce programme unique au Québec.

Un succès qui rapporte

En diversifiant ses programmes et en augmentant ses effectifs étudiants, la Faculté de droit a amélioré sa situation financière de façon remarquable. «Sur le plan budgétaire, on est passé de plusieurs années de déficit à une nouvelle ère d'excédent budgétaire», souligne avec fierté Daniel Proulx. Ce redressement spectaculaire, le doyen l'explique par l'implantation réussie des nouveaux programmes.

Ces programmes attirent non seulement des étudiantes et étudiants de qualité, mais aussi de nouveaux profs. Près de la moitié du corps professoral en droit à l'UdeS a été renouvelée depuis 2004 ! «Ça change complètement la dynamique, observe le doyen. Ça prend des gens qui viennent nous secouer les puces!» Dans le milieu, on chuchote même que la meilleure relève professorale en droit au Canada se trouve à l'Université de Sherbrooke.

Préconisant une gestion participative, Daniel Proulx a instauré des tables consultatives avec les étudiantes et étudiants et avec le personnel non enseignant; de plus, il réunit son corps professoral une fois par mois. «Je trouve important que tout le monde se sente partie prenante des grandes décisions et orientations facultaires», fait remarquer le doyen qui, à son arrivée, a également mis sur pied un journal électronique du personnel, L'audi alteram partem, pour créer un sentiment d'appartenance facultaire. Dans cet esprit, la distribution de ce bulletin a été étendue récemment aux étudiants et aux diplômés.

Enjeux d'actualité

Journal UdeS : On a beaucoup parlé d'accommodements raisonnables cet automne. Du point de vue législatif, qu'est-ce qu'il faut pour bien intégrer les gens d'origines ou de croyances diverses?

Daniel Proulx : Si quelqu'un a un droit, celui-ci entraîne une obligation pour quelqu'un d'autre. Un accommodement raisonnable, c'est le droit de ne pas être exclu en raison de son handicap, de son sexe ou de sa religion. Ce droit entraîne donc pour autrui l'obligation de ne pas m'exclure. La difficulté de l'accommodement raisonnable, c'est qu'il s'agit d'une problématique qui déborde du cadre juridique et qui implique toute la société. Le droit joue un rôle-clé dans cette problématique, mais l'éducation est peut-être plus importante encore. Il faut travailler à l'inclusion. Amener les gens vers des valeurs communes d'égalité et de liberté de pensée. À cet égard, le Québec est un laboratoire intéressant, car on ose réfléchir tout haut et chercher des solutions à cet enjeu majeur de société.

Journal UdeS : Est-ce que la commission Bouchard-Taylor a été une bonne chose selon vous?

Daniel Proulx : C'est difficile de répondre à cette question. Les préjugés ont été exacerbés. Ce n'était pas la majorité, mais on a entendu des commentaires pénibles frisant le racisme ou le sectarisme durant les travaux de cette commission. On va savoir si cette dernière a été une bonne chose quand le rapport sera déposé. En fait, devant un enjeu aussi complexe que celui de la gestion de la diversité, il est évident que la commission ne pourra pas arriver avec une solution miracle; je pense plutôt qu'elle aura l'occasion d'ajouter une autre pierre à l'édifice, comme on dit. L'adaptation à la diversité, c'est un work in progress. La société a droit à la protection de ses valeurs fondamentales, certes, mais elle a aussi l'obligation morale, voire juridique, de ne pas permettre la marginalisation de ses minorités. Y'en aura pas de facile!

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